Les fondements de la troisième école viennoise de psychothérapie…

Viktor Emil Frankl, né le 26 mars 1905 à Vienne et mort le 2 septembre 1997 dans la même ville, était un professeur autrichien de neurologie et de psychiatrie à l’école de médecine de la capitale autrichienne.

Il est le créateur d’une méthode de thérapie psychique qu’il a baptisée logothérapie, une technique qui prend en compte le besoin de « sens ontologique[1] » et la dimension spirituelle de la personne humaine.

Né au sein d’une famille juive ashkénaze, dès l’âge de quinze ans, Viktor Emil Frankl a correspondu avec Sigmund Freud (1856-1939), le père de la psychanalyse[2]. En 1921, à seize ans, il a donné sa première conférence sur le thème : « À propos du sens de la vie ».

En 1925, étudiant en médecine, il a rencontré personnellement Freud tout en se rapprochant du cercle d’influence d’Alfred Adler (1870-1937), le fondateur de la psychologie individuelle[3].

L’année suivante, Viktor Frankl fut exclu de l’association de psychologie individuelle par Alfred Adler en raison de divergences idéologiques et en matière de pratique de la discipline.

De 1933 à 1936, Viktor Frankl a dirigé le « pavillon des femmes suicidaires » de l’hôpital psychiatrique de Vienne.

Quand les nazis prirent le pouvoir en Autriche, il sabota les ordres reçus, au risque de sa vie, afin de ne pas euthanasier les malades mentaux dans le cadre du programme Aktion T4. Il fut démis de ses fonctions pour cette raison en 1940.

En 1942, sa famille et lui-même furent déportés au camp de concentration de Theresienstadt, en Bohême-Moravie. Puis, le 19 octobre 1944, il fut envoyé à Auschwitz. Il n’y fut cependant pas prisonnier, car après quelques jours en zone de transit, il fut expédié au camp de travail de Kaufering en Bavière.

Il y observa avec étonnement que les déportés les plus robustes, qui étaient le plus dans l’action, étaient les premiers à mourir, tandis que ceux qui paraissaient les plus faibles résistaient beaucoup plus longtemps : « Face à l’absurde, les plus fragiles avaient développé une vie intérieure qui leur laissait une place pour garder l’espoir et questionner le sens »[4].

Son père est mort de faim à Theresienstadt, sa mère et sa sœur ont été assassinés à Auschwitz, alors que son épouse est morte au camp de Bergen-Belsen. Il ne l’apprit qu’après sa libération, survenue le 27 avril 1945.

Pendant 25 ans, Viktor Frankl fut le directeur de la polyclinique neurologique de Vienne.

En 1948, déjà docteur en médecine, il avait obtenu son doctorat en philosophie et il devint professeur à l’université de Vienne en 1955 après avoir donné en 1954 diverses conférences dans les universités de Londres, Amsterdam et Buenos Aires.

Il enseigna également à Harvard, à Stanford, à Dallas et à Pittsburgh, puis à l’United States International University de San Diego en Californie, où il fonda en 1970 le premier institut de logothérapie au monde.

On trouve aujourd’hui des centres et des associations de logothérapie dans 30 pays et Viktor Frankl est l’auteur de 39 livres, traduits en au moins 40 langues. Il a été invité par 206 universités à travers le monde et a reçu 29 titres de docteur honoris causa. Plus de 850 ouvrages et thèses scientifiques ont été écrits sur la logothérapie[5].

Viktor Frankl a affirmé que ce sont les conditions inhumaines des camps de concentration qui l’ont poussé vers sa théorie du sens de la vie (la logothérapie).

Et dans Découvrir un sens à sa vie grâce à la logothérapie publié en poche à Paris aux Éditions J’ai lu, il estime qu’une des principales causes de névrose est la perte de sens.

Il y défend la thèse selon laquelle l’inconscient est principalement d’essence spirituelle, car « lorsqu’on trouve un sens aux événements de sa vie, la souffrance diminue et la santé mentale s’améliore » parce qu’au-delà de l’instinct de plaisir, la nature profonde de l’Homme le conduit vers la réalisation morale.

Viktor Frankl en 1965 [6].

Dans cette œuvre majeure, qui figure parmi les dix livres les plus influents au monde, Viktor Frankl indique les trois voies – de l’accomplissement, de l’amour et de la transcendance – qui permettent de donner un sens à l’existence.

Un ouvrage qui fait découvrir le véritable sens du mot « responsabilité » et incite le lecteur à prendre sa vie en main.

Bernard DELCORD

Découvrir un sens à sa vie grâce à la logothérapie par Viktor E. Frankl, Paris, Éditions J’ai lu, mars 2023 [1959, 1984, 1988, 1993, 2006, 2013], 178 pp. en noir et blanc au format 11,2 x 17,8 cm sous couverture brochée en couleurs, 7,20 € (prix France)


[1] L’ontologie est une branche de la philosophie et plus spécifiquement de la métaphysique qui, dans son sens le plus général, s’interroge sur la signification du mot « être ». « Qu’est-ce que l’être ? » est une question considérée comme inaugurale, c’est-à-dire première dans le temps et première dans l’ordre de la connaissance. Elle est celle des premiers penseurs de la Grèce antique, tels Parménide (né à Élée à la fin du VIsiècle av. J.-C. et mort au milieu du V siècle av. J.-C.) et Platon (né en 428/427 av. J.-C. et mort en 348/347 av. J.-C. à Athènes).

[2] « Première école viennoise de psychothérapie », la psychanalyse est une discipline fondée par Sigmund Freud qui consiste en l’élucidation de certains actes, pensées ou symptômes en termes psychiques à partir du postulat de l’existence du déterminisme psychique : une idée qui se présente à l’esprit ou un acte ne sont pas arbitraires, ils ont un sens, une cause que l’exploration de l’inconscient permet de mettre au jour.

[3] « Deuxième école viennoise de psychothérapie », la psychologie individuelle est un ensemble de théories psychologiques et de pratiques thérapeutiques élaborées par le médecin autrichien Alfred Adler. Elle s’est développée à la suite de la séparation entre Adler et Sigmund Freud pour divergences de vue, notamment sur la vision freudienne du système pulsionnel. Adler voit dans le sentiment social un phénomène ayant des racines biologiques qui se développe à la naissance dans la relation mère-enfant pour s’étendre ensuite aux autres membres de la famille et à la société. Il ne s’agit donc pas d’une socialisation de la libido.

[4] Dossier « La maladie a-t-elle un sens ? : de la culpabilité à la responsabilité », Enquêtes de santé, août-septembre 2010, numéro 2, page 23.

[5] Sources  Wikipédia et https://logotherapie.fr/viktor-emil-franks/

[6] Source : Prof. Dr. Franz Vesely (Viktor-Frankl-Archiv).

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