Un panthéon culturel…

Ancien patron de la Revue des Voyages[1] qui avait cessé de paraître en 1940 et qu’il ressuscita en 1951, Jean-Paul Caracalla (1921-2019) devint en 1976 directeur de la communication de la Compagnie des wagons-lits et fut secrétaire général du Prix des Deux Magots[2] de 1972 jusqu’à son décès.

Il est l’auteur d’ouvrages à caractère historique[3], parmi lesquels on notera Aux Deux Magots – De la bonneterie à la limonade, une publication posthume établie par sa fille l’éditrice, journaliste et autrice Laurence Caracalla, parue aux Éditions de La Table ronde à Paris.

Aux Deux Magots n’a pas toujours été le café germanopratin devenu rendez-vous des écrivains, artistes, cinéastes, musiciens, penseurs, peintres, sculpteurs, architectes, stylistes… et touristes de la capitale française.

Au début du XIXe siècle, c’était un magasin de nouveautés où les Parisiennes se fournissaient en tissus, lingerie et autres falbalas, nommé ainsi d’après la pièce de théâtre de Sewrin[4], Les Deux Magots de la Chine (1813), et en référence au pays d’origine des soieries vendues dans les rayons de ce commerce.

Mais la concurrence des grands magasins était rude et l’endroit se transforma en bureau, puis en dépôt de vin, avant de devenir, en 1914, un café renommé.

L’intérieur du café avec les deux statuettes de magots.[5]

Depuis, rien n’a changé, des banquettes rouges et des colonnades aux deux statues néo-chinoises – les magots de l’enseigne –, qui ont vu défiler nombre de célébrités de Louis Aragon et Elsa Triolet à Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, d’Ernest Hemingway à Pablo Picasso, d’André Breton à Robert Desnos, d’Alberto Moravia à Umberto Eco, de Juliette Gréco à Boris Vian, d’Aldous Huxley à Mario Vargas Llosa, de Jacques Prévert à Jorge Luis Borges, de Francis Bacon à Jean Genêt, de Claudia Cardianle à Charlotte Rampling, de Jean-Pierre Chabrol à Jean-Paul Belmondo, d’Anna Karina à Jean-Luc Godard, de Paul McCartney et John Lennon à Jim Morrison, de Georges Brassens à Thomas Dutronc, d’Olivia Ruiz à Cali, et bien d’autres encore…

La terrasse des Deux Magots le 16 octobre 2006.[6]

Pour fêter son anniversaire, le café littéraire des Deux Magots raconte son histoire à travers une exposition intitulée « 140 ans d’esprits créatifs à Saint-Germain-des-Prés »[7] basée sur des photos d’archives à découvrir dans sa salle du 30 avril au 22 septembre 2024.

Bernard DELCORD

Aux Deux Magots – De la bonneterie à la limonade par Jean-Paul Caracalla, édition établie par Laurence Caracalla, Paris Éditions de La Table ronde, collection « La petite vermillon », septembre 2023, 124 pp. en noir et blanc au format 11 x 17,8 cm sous couverture brochée en couleurs, 7,50 € (prix France)


[1] Il y publia notamment des textes de Blaise Cendrars, Jacques Chardonne et Paul Morand, André Fraigneau, Pierre Mac Orlan, Michel Déon, François Nourissier, Louise de Vilmorin et Germaine Beaumont.

[2][2] Un prix fondé en 1933 par des surréalistes à l’initiative de Roger Vitrac et de Charles Martyne, bibliothécaire de l’École des Beaux-Arts et attribué cette anné-là à Raymond Queneau pour son roman Les Chiendents.

[3] Voyages (1981), La tour Eiffel (1989), L’aventure Peugeot (1990), Les trains des rois et des présidents, avec Jean des Cars (1992), Lever de rideau – Histoire des théâtres privés de Paris (1994), L’Orient-Express – Un siècle d’aventures ferroviaires (1995), L’aventure de la Malle des Indes, avec Jean des Cars (1996), Le Roman du Printemps – – Histoire d’un grand magasin (1997), Montparnasse – L’âge d’or (1997), Saint-Germain-des-Prés (2000), Le goût du voyage – Histoire des wagons-lits (2001), Vagabondages littéraires parisiens (2003), Petite anthologie de la poésie ferroviaire (2004), Le voyage s’affiche (2005), Les exilés de Montparnasse [1920-1940] (2006), Montmartre, gens et légendes (2007), L’histoire fabuleuse des trains mythiques (2007), Champs-Élysées – Une histoire (2009), Le Petit roman des trains (2011), En remontant le boulevard (2012).

[4] Charles-Augustin Bassompierre, dit Sewrin, était un auteur dramatique et goguettier français, né à Metz le 9 octobre 1771 et mort à Paris le 22 avril 1853. Auteur de comédies, opéras-comiques, vaudevilles et chansons, il fut aussi librettiste de François Adrien Boieldieu, Ferdinand Hérold et Luigi Cherubini. (Source : Wikipédia)

[5] Photo ayustety – https://www.flickr.com/photos/ayustety/337336920/, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=54798253.

[6] Photo Robyn Lee. https://www.flickr.com/photos/roboppy/271275631.

[7] https://lesdeuxmagots.fr/140ans/

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